Plusieurs décisions de jurisprudence récentes ont requalifié en contrat de travail à durée indéterminée le contrat conclu entre des coursiers, livreurs, ou chauffeurs de véhicule indépendants (VTC) et des plateformes numériques comme UBER.
Selon la jurisprudence, il y a contrat de travail lorsqu’une personne s’engage à travailler pour le compte et sous la direction d’une autre moyennant rémunération. Cette définition comporte 3 éléments :
Le critère essentiel pour décider faire la distinction entre un contrat d’entrepreneur indépendant et un contrat de travail est celui de la subordination juridique, qui se définit comme étant le pouvoir de l’employeur de donner des ordres ou des directives, d’en contrôler l’exécution et d’en sanctionner les manquements.
Intervient également l’article L. 8221-6 du code du travail aux termes duquel il y a présomption d’absence de contrat de travail l’exécution d’une prestation entre un donneur d’ordre et une personne inscrite au registre du commerce et des sociétés ou au répertoire des métiers. Cette présomption peut toutefois être renversée en présence d’un lien de subordination juridique.
Sur ces bases, la jurisprudence récente a fait droit à la demande de chauffeurs ou livreurs indépendants, de voir requalifier leur relation de travail en contrat de travail à durée indéterminée.
Les sanctions peuvent être lourdes, puisque le chauffeur peut formuler les demandes suivantes, qui peuvent vite atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros :
La Cour de cassation a jugé dans le sens de la requalification en CDI dans un arrêt du 28 novembre 2018 (n° 17-20079). Cette affaire opposait un livreur à vélo et une plateforme web (la société Take Eat Easy) travaillant avec des restaurateurs partenaires.
Pour conclure à l’existence d’un lien de subordination, et donc à un contrat de travail, la Cour s’est fondée sur deux considérations :
Le Conseil de Prud’hommes de Nice a ensuite jugé pareillement concernant 6 livreurs qui l’avaient saisi à l’encontre également de la société Take Eat Easy.
Dans un arrêt retentissant du 10 janvier 2019 (RG n° 18/08357), la Cour d’appel de Paris a requalifié le contrat de travail d’un chauffeur VTC UBER en contrat de travail à durée indéterminée.
La Cour s’est fondée notamment sur les constatations suivantes, incompatibles avec un exercice indépendant et caractérisant l’existence d’un lien de subordination :
La Cour ajoute que la liberté de se connecter, qui implique la liberté de choix des horaires de travail, n’exclut pas l’existence d’une relation de travail subordonnée, dès que le chauffeur intègre, lorsqu’il est connecté, un service organisé de part le pouvoir de donner des directives, de contrôler l’exécution et de sanctionner le chauffeur.